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Panique à la Taverne du Chat qui miaule !

La Saga des Mondes - forum RPG :: Le Monde d'Altea :: Le Comté de Vincourt :: Brugge

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Aliénor Parker
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Aliénor Parker Ven 5 Mai - 18:15
Aliénor Parker
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De ce qui se déroule en cet instant dans le fond de la grotte, Aliénor n’en a cure. Tout ce qui compte va bien au-delà de sa propre existence, tout ce qui compte est représenté là, sous les traits d’une chouette marron aux grands yeux d’un bleu surnaturel qui l’écoute tandis que la jeune femme murmure des paroles implorantes, une supplique. Appuyée contre le mur à l’entrée, loin de la créature qui la poursuit depuis des mois, elle tente de convaincre Morwen de s’en aller, de fuir loin, de protéger sa vie puisqu’elle sait, elle sait qu’elle sera incapable de continuer la lutte, en étant blessée et hébergée dans le même espace réduit que la créature qui en veut à leur vie.

Morwen est la seule famille d’Aliénor, c’est tout ce qui lui reste de sa vie d’avant. Elle n’a pas réussi à protéger sa famille, alors elle veut au moins mettre son amie à l’abri. Qui pourrait l’en blâmer ? Pourtant, au lieu de s’enfuir, Morwen se love contre Aliénor, roulant sa petite tête mobile dans le cou de l’humaine, lui apportant un peu de chaleur et de réconfort. Ce geste tout simple, tout petit, signifie le monde pour la jeune femme qui enveloppe Morwen dans sa cape toute sale. Les larmes qu’elle refusait de répandre face à Astyanax finissent par crever le barrage de ses paupières closes.

-Espèce d’idiote, lui dit-elle tout bas alors que la chouette hulule sombrement, bien consciente de l’état d’Aliénor.

La voix de stentor de l’Elfe les fait sursauter toutes les deux au même moment. Et ce qu’il dit n’a aucun sens, à nouveau.

-Ce n’est pas vous que je fuis, mais votre nouvelle amie, dit-elle en essuyant rapidement les larmes qui s’attardaient encore sur ses joues noircies.

Recroquevillée non loin de l’entrée, elle sent l’odeur de la neige, le froid, l’humidité, tout cela lui parvient aussi clairement que la douleur provenant de son dos lacéré.

-Moi je vous ai sauvé, j’ai pas tenté de vous manger, dit-elle en fermant les yeux. Mais c’est pas tellement l’heure des comptes. Allez l’aider si ça vous chante, vous ne pourrez jamais dire que je ne vous ai pas averti.  Si elle m’approche, je la tue, vous êtes prévenu, souffle-t-elle avant de se taire.

De sous la cape chaude, la tête de la chouette s’extirpe un peu, laissant voir deux orbes luminescents. Aliénor, elle, ne dit plus rien, sa main libre serrée sur la petite lame que l’Elfe gris lui a offerte, les yeux clos, le front brûlant. Même si la créature l’approche, l’humaine est bien trop faible à présent pour seulement se soulever alors de là à tuer une créature qui a recouvré des forces…Ce n’est que le soubresaut d’orgueil d’une personne qui a atteint ses limites, rien de plus, rien de moins. Si Aliénor était en pleine possession de ses moyens, Morwen aurait déjà repris sa forme chimérique. Il lui est impossible de le faire tant que son amie est au plus mal. Et le hululement de frustration que laisse échapper la créature est assez retentissant pour que l’écho se réverbère jusqu’au fond de la grotte.
Le Désespoir des Ombres
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Le Désespoir des Ombres Mar 9 Mai - 14:21
Le Désespoir des Ombres
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Il y a un monstre. Tapi dans l’ombre.

Combien de fois ces mots ont débutés ses jours ? Combien de fois ont-ils fini ses nuits ? Le monstre trouve réconfort dans l'obscurité glacée. Elle lui offre, sans condition, l'abri de ses bras. Elle l'accueille sans le juger, sans rien attendre de lui, elle ne lui posera aucune question, ni ne cherchera à le connaître. Le monstre n'est qu'une ombre de plus. Il passera et trépassera. Indifférente mais paisible, ainsi était l'obscurité aux yeux du monstre. Une nuit dans laquelle il pouvait aisément se fondre. Il était facile de se muer en être indifférent, abandonner toute empathie pour ne plus se contenter que de soi et de ses besoins les plus primaires, les plus faciles à combler. Les chasses n'étaient pas toujours aisées mais elles ne s'embarrassaient pas de sentiments complexes.

Sa paix avait le goût du sang et la moite froideur d'une tombe fraichement creusée. Alors, qu'elle était cette chaleur étrangère ? La main de son repas s'était saisi de sa nouvelle dextre, pressant doucement ses doigts alors qu'il lui adressait ses encouragements. Les rubis passent de ses doigts au visage de l'elfe. Insensée créature que voilà. Agenouillé au chevet de son prédateur, l'agneau est si doux avec le loup. Si proche. Si chaud. Il s'éloigne prestement mais ce n'est pas la peur ou la prudence qui guide son pas mais l'empressement de rejoindre sa compagne, blessée.

La Bête ne comprend pas. Pas davantage le comportement de l'Insensé que le sien. Elle qui reste là, couchée dans l'ombre, à regarder cette main blanche. Ridicule morceau de chair et d'os, bien inutile face à son ancienne version. Non, ce n'est pas cette transformation qui la maintient ainsi dans l'expectative.

Qu'il est aisé de se réconforter dans l'obscurité glacée, d'y trouver la paix, lorsqu'on a oublié la chaleur. Ses doigts fins se referment sur le vide. Froid néant. Elle frémit. Pour la première fois depuis si longtemps. Elle frissonne. La pierre froide et humide mord sa peau. Le monstre se redresse, lentement, il s'assoit, ses jambes sur le côté. Il ramène cette main de glace jusqu'à son poitrail, cherche en vain la chaleur de sa fourrure. Les prunelles sanguines s'abaissent sur le sol couvert de poils sombres. Cela lui manquerait.

La peau délicate, d'un gris pâle, se couvre par endroit d'un duvet blanc, celui d'un oisillon, dans son dos, les plumes apparues bien plus tôt gagnent en vigueur, forment deux appendices qui ne pourront sans doute jamais vraiment devenir ailes.. à moins qu'elle ne s'abreuve à nouveau sur le mignon petit poulet aux yeux bleus. Sa crinière d'ébène s'est déjà éclaircit, prenant à son dernier repas, sa couleur lunaire, elle retombe sur les épaules et le visage du monstre. Gêné, le Désespoir, glisse un ongle noir sur son front, découpant d'un simple passage les cheveux qui couvraient sa vue. Ainsi n'avait-il pas tout à fait perdu ses griffes. Ce n'était pas la seule chose qu'il garderait encore de ses anciennes vies dévorées. Sa langue glisse sur des crocs toujours aussi acérés, en partie découverts dans une mâchoire qui n'avait rien de l'apparente humanité du reste de sa physionomie.

Chancelante, la Bête se dresse sur ses deux jambes parcourues de plumes pâles, ses orteils refusent de bouger, plus violet que gris. Elle relève son regard vers le reste de la grotte. Vide. Elle sent pourtant toujours la peur et le délicat parfum du sang de la trop humaine. Elle est là. Sa proie adorée et son ennemie autoproclamée. Celle qu'elle trouvait si belle. Celle qui voulait sa mort. Celle qu'elle voulait dévorer. Celle qu'elle ne pouvait toucher.

Le Désespoir à la silhouette pâle et féminine, se tient debout dans l'obscurité. Incapable de quitter l'ombre. Il tend les bras vers l'avant, ses doigts effleurent la clarté luminescente des braves champignons luttant encore pour ne pas sombrer dans la nuit de la caverne. Le monstre tend ses mains au vide. Au froid néant. La Bête y avait si souvent trouver refuge et réconfort. Pourquoi.. avait-elle froid désormais ?

Spoiler:
Astyanax le Gris
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Astyanax le Gris Mer 28 Juin - 6:32
Astyanax le Gris
Admin
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Date d'inscription : 08/12/2022
La vie est un long chemin, sur lequel j'avance seul depuis si longtemps que je me demande aujourd'hui : existe-t-il encore quelqu'un qui soit capable de me rejoindre ? Me suis-je condamné à une éternelle solitude ? Étranges pensées. Paradoxalement, même si cela fait un peu plus de sept siècles que j'arpente le monde, les mondes, à l'aune des Elfes des Vents, je suis encore un jeune Athël-Ithri. Plus un enfant, certes, mais tout juste adulte.

Et voilà qu'après tout ce chemin, je me retrouve dans une caverne perdue au fond des bois, sur la terre des hommes, avec trois êtres inconnus, étrangers, étranges, tout à la fois proches et infiniment lointains. Leurs perceptions, leurs réflexions, sont si différentes des miennes que je ne sais trop comment agir, réagir. Que dire, pour les apaiser ? Que dire, pour que cesse leur conflit sanglant, meurtrier ? Rien, peut-être, les mots n'ont parfois aucune utilité, aucun sens. Mais peut-être n'est-ce que la fatigue d'une journée qui semble avoir duré toute une année.


Toute extravagance parait avoir disparu des mouvements de l'Errant Gris, qui se font sobres, efficaces, économes. Récupérer quelques affaires sur le dos de son vieux compagnon équin, tendre au "Désespoir des Ombres" métamorphosé une chaude couverture, puis allumer un petit feu avec une dextérité que seule confère une longue, très longue habitude, ne prend que quelques courts instants au vagabond. A peine les premières flammèches s'élèvent-elles dans l'obscurité de la nuit toujours plus neigeuse que le Gris s'assied, un peu lourdement, contre la paroi toute proche de l'entrée de l'abri. Son antique lame posée en travers des genoux, dénudée, engendre mille discrets reflets, au gré des flammes vacillantes. Les yeux d'onyx de l'Elfe les suivent un moment, paresseusement, puis se ferment lentement. Il ne dort pas, pourtant, comme en témoigne sa voix qui couvre, à peine, le crépitement des flammes :

"Je pourrais soigner vos plaies Aliénor. Sommairement, mais suffisamment pour que votre Vie cesse de s'échapper de vous. Si vous le souhaitez."

Ses paupières se relèvent, lentement, pour laisser ses prunelles de jais, indéchiffrables, se poser à nouveau sur la "créature" :

"Tu dois bien avoir un nom je suppose ? Un vrai nom, s'entend, pas... l'un de ces sobriquets qu'affectionnent les Humains. Enfin... Comprends-tu seulement ce que je dis ? Sais-tu parler notre langue ?"


Aliénor Parker
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Aliénor Parker Ven 7 Juil - 17:08
Aliénor Parker
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Soigner les blessures…Blessures…Soigner…

La main crispée sur la lame, elle écoute les quelques mots qui lui parviennent avant d’en percevoir leur sens premier. Ne plus avoir mal. Avoir une chance, une chance de s’en aller demain, à l’aube, quand Désespoir sera en position de faiblesse. Une chance de creuser l’écart, de tenter l’impossible, afin de ne plus voir, la voir, fuir, encore, loin. Tout recommencer ailleurs.
La chaleur du petit corps doux de la chouette lui fait du bien, elle la protège de la fraîcheur du mur qui, contradictoirement, apaise pourtant la lancinante souffrance des lacérations monstrueuses qui sillonnent son dos.

Soigner…

Les fines paupières se soulèvent à demi, offrant une vision trouble à la jeune fille.

Un regard vide pour l’Elfe. Rapide. Fuyant. La tête lourde penche vers l’avant, comme si elle n’était plus retenue par rien.

Soigner.

Cela implique d’ôter son habit. Cela implique de le laisser la toucher. Le regard marron, vague, se pose un instant sur les mains d’Astyanax, non loin de là. Ces mains-là ne lui ont jamais fait de mal, pas le moindre. Ces doigts-là n’ont été que secours et support, rien de plus. Pourtant, le petit cœur se serre dans cette poitrine brûlante. Il va tout voir. Il va TOUT voir. Pourtant, elle n’a pas le choix. Si elle veut survivre au moins jusqu’à demain, elle va devoir le laisser faire. Finalement, peu importe qu’il sache, après tout, se dit-elle, puisque demain elle s’en ira.

-D’accord…, parvient-elle à souffler entre ses dents serrées.

Son petit cœur malmené bat vite, très vite, quand elle s’écarte avec lenteur du mur, offrant à la clarté du petit peu un visage d’une pâleur effrayante, un visage dont le front suinte d’une sueur dans laquelle se débattent quelques mèches de cheveux humides. Un hululement lugubre s’élève alors que la jeune femme suspend son geste, les yeux à nouveau clos, tandis qu’elle lève simplement la main vers le fermoir de sa cape. Visiblement, bouger lui demande un réel effort mais elle ne se plaint pas, elle reprend son geste, l’autre main toujours crispée sur sa lame, bien maigre bouclier.

Le vêtement chaud finit par cascader au sol dans un roulement souple, révélant à nouveau toute la finesse, pour ne pas dire la maigreur de cette presque femme qui ne sait plus très bien si elle tremble parce qu’elle a froid, ou parce qu’elle a chaud…ou parce qu’elle ôte ses habits devant un « homme ».

-Il y a des étoiles de dictame dans le petit sac rouge…c’est…ce que j’ai de mieux, dit-elle si bas en fuyant son regard à nouveau, pour se tourner et lui offrir la vision de son dos. Les griffes de la Bête ont déchiré sa robe sur toute la longueur de son dos, laissant voir la peau blanche marbrée de rouge sous le tissu modeste, collé à la plaie en ombres foncées. La main fiévreuse dénoue le petit lacet qui retient l’encolure et, enfin, le tissu glisse à son tour, pour révéler les blessures profondes, rouges, à vif, par-dessus d’autres plus anciennes, roses, d’autres blanches, des souvenirs honteux…mais probablement pas aussi honteux pour elle que cette marque sur son épaule droite. Un V dont les deux traits sont entourés de fleurs de lys et de lierre, la trace d’une marque au fer rouge…La flétrissure des voleurs, celle administrée dans le royaume des hommes afin que celui ou celle qui la porte soit toujours au ban de la société.

La petite main sur la lame tremble un peu plus.

Elle n’a pas voulu qu’il voie ça. Elle ne le voulait pas. C’est pour cela qu’elle a refusé un brin de toilette chez les marchands…Ils l’auraient vue, c’est certain, et ils l’auraient chassée à coups de pierre, cela lui était déjà arrivé par le passé. C’est également pour cette raison qu’elle voulait se baigner en un endroit à l’abri des regards, soigner son corps en toute discrétion…Elle ne voulait pas qu’il aie une mauvaise opinion d’elle. Maintenant…Il sait, mais entre sa vie et l’estime d’Astyanax, elle a choisi.

-Ne la laissez pas m’approcher…, dit-elle encore, tout bas, tout bas, tout bas.

Aliénor n’a pas eu le temps ni l’opportunité de voir la transformation. La chouette, elle, si. Et pourtant elle ne réagit pas. Ou plutôt, si. L’absence de réaction est une réaction en soi…et là, la paire d’escarboucles au bleu irréel contemple la silhouette étrange avec stupéfaction, sans avertir sa camarade qui souffre sans rien dire, sans rien avouer de ce qu’elle endure aussi bien physiquement que moralement. Tout ce que veut Aliénor, c’est que ça s’arrête. Elle a eu son compte de douleur pour la journée, la semaine, le mois, voire même une vie.

Un peu de paix. Juste un peu. C’est tout ce qu’elle veut, en cette minute où chaque seconde semble être une éternité d’attente d’un jugement qui finira par tomber, d’un instant à l’autre.
Le Désespoir des Ombres
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Le Désespoir des Ombres Lun 10 Juil - 6:08
Le Désespoir des Ombres
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À ses bras tendus, on offre une couverture. L’épais tissu roule sur les doigts de porcelaine, manque de tomber avant que les serres voraces ne se referment sur lui. Les ongles acérés transpercent le tissu, prévenant sa chute sans se soucier de l’intégrité du précieux présent. Les prunelles sanguines observent un instant le semblant de fourrure transpercée de ses griffes noires puis se relèvent sur la silhouette affairée de l’étrange créature qui lui avait fait don de son sang. Les étincelles que le Gris produisait se transformèrent en flammes, faisant reculer la Bête. Le pas incertain, l’équilibre précaire, le monstre s’effondre dans l’obscurité. La couverture coincée entre ses griffes suit le même mouvement et recouvre la maladroite prédatrice. Elle ne se débat pas. Elle ne fait pas un bruit. Le froid de la pierre mord la peau nue de son dos mais la chaleur de son corps, prisonnière de la couverture, irradie sur son visage, sa poitrine, ses genoux. Lentement, ses pieds gelés disparaissent à leur tour sous la couverture et le Désespoir n’est plus qu’une forme recroquevillée sous l’épais tissu.

Le feu crépite, ses muscles se tendent, ses yeux grands ouverts sous la couverture. La morsure de la pierre froide n’est rien comparée à celle des flammes. Elle sait cela. L’odeur de sa fourrure brûlée envahit ses nouvelles narines de souvenirs flous mais douloureux. Pourtant, la chaleur qu’il dégage ne la dérange pas. La voix basse qui serpente dans le silence à peine troublé par les crépitements et les sifflements du vent, attire l’attention de la Bête. Elle écoute. Elle comprend. Elle ne répond rien, pourtant.

Elle ignore si cette gorge lui permettrait d’émettre d’autres sons que la gueule animale dont elle était précédemment affublée mais surtout, elle ignore sa réponse. Un vrai nom. Il y en a qui tournoient dans sa tête. Aliénor, Morwen, Astyanax, et d’autres, plus distants, presque effacés. Ils sont siens et étrangers, ils coulent dans ses veines mais ne lui appartiennent pas tout à fait. Pas plus que les surnoms donnés par les autres créatures qui ont eu le malheur de croiser son chemin ou son ombre. Silencieuse, la créature entend les pas hésitants de sa délicieuse proie approcher. Ils sont si faibles, si fébriles et Elle, si vulnérable.

Le succulent parfum de son sang se fraie un chemin jusque sous la couverture et la salive afflux dans la bouche de la bête. Les griffes quittent l’épaisseur de la couverture alors qu'apparaît le haut de la tête du monstre, une frange blanche au-dessus de deux rubis intéressés. Ils luisent doucement à la lueur des flammes, attachés à ce dos sanguinolent, pudiquement offert. Il serait dévoré en deux ou trois bouchées, ce bout de femme. La Bête n’est pas repus. Le serait-elle seulement un jour ? Elle reste pourtant sagement ensevelie sous sa couverture. La Faim ne tiraille plus ses entrailles et, de toute manière, cette pièce de viande était maigre, surtout, elle n’était pas assez monstrueuse. Trop humaine pour ne pas éveiller cette dernière barrière, cette ultime chaîne qui sciait le cou du monstre, le retenant à grand peine de se perdre dans sa propre sauvagerie.

Les marques qui strient sa peau n’intéressent pas la Bête, elles sont les vestiges du passé, les couches successives de son histoire. Elle porte ses stigmates comme la Bête porte les apparats de ses proies. Marquée par la cruauté des autres, le corps de la jeune femme le serait désormais aussi par la morsure de la Bête. La coupable regarde sans émotion la plaie qu’elle a causé. Un mélange confus de sentiments contraires tournoyaient au fond d’elle sans parvenir à se distinguer. La Bête avait planté ses crocs dans le dos d’une créature monstrueuse, la chimère dont elle avait hérité un reliquat de plumage mais le sang qui coulait était celui de la trop humaine. Incapable de se repentir de sa propre Faim, le Cauchemar ne peut que se questionner.

Les yeux carmins observent l’homme qui s’occupe des plaies de sa compagne mais s’arrêtent sur la chouette. Rubis contre saphirs, entre eux les flammes, une distance raisonnable et la lame étincelante de celui qui veille. La paix est précaire, curieuse, attentive. Méfiantes, les deux créatures restent sur leurs gardes. La Bête est guéri mais transformée, si elle ne bouge pas, donnant l’illusion d’être prête à bondir, elle est en réalité bien incertaine de pouvoir se mouvoir comme elle le voudrait. La chouette est alerte mais ce corps-ci est bien incapable de se battre contre la Bête et l’autre serait handicapée à l’intérieur de cette caverne. Combattre n’était plus une option viable pour aucun des deux monstres.

Une trêve tacite et fragile s’installe alors qu’au-dehors la neige recouvre le sang versé.

Lentement, la Blanche ferme ses paupières sur le carmin de son regard. Elle imite la posture qu’avait prise le Gris un peu plus tôt, donnant l’illusion de s’assoupir. Ses oreilles tendues, la créature reste alerte mais elle atténue sa présence comme si elle tâchait de se faire oublier. Dans le secret de la couverture, elle contracte un à un ses nouveaux muscles, essaie de prendre possession de ses nouveaux attributs. Elle sait qu’à l’aube, si la trop humaine a repris des forces, elle et sa chimère essaieront de la tuer. Peut-être devrait-elle se nourrir sur l’homme avant que cela n’arrive.. pendant qu’il dort, prendre une ou deux gorgées de ce divin élixir, directement à la source. Sous la couverture, sa langue passe sur ses lèvres, imaginant ses crocs se planter dans le cou de l’Elfe. Non. Pas elfe. Athël-Ithri.

Le nom glissait sur ses lèvres sans produire le moindre son. Le fantasme de son cou disparaissait, subtilement remplacé par une curiosité plus dévorante. Athël-Ithri, qu’est-ce que cela signifiait ? La réponse se trouvait quelque part en elle. Sur les méandres écarlates naviguaient des souvenirs brumeux. Des montagnes arides se superposaient aux prairies verdoyantes. Athël-Ithri. Ivamel. Le ciel bleu. L’odeur du fer rouge. Les pulsations de la terreur. Le déchirement de la perte. La lente agonie de la solitude. Les souvenirs se mélangent dans un torrent tumultueux qui traverse l’esprit submergé de la Bête, attachée au radeau de sa conscience, elle s’ébroue au côté d’une âme en haillons.
Astyanax le Gris
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Astyanax le Gris Mar 11 Juil - 19:31
Astyanax le Gris
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Des mains. Deux longues et fines mains, façonnées en serres puissantes par des siècles de maniement des armes, et par la rudesse d'une existence souvent difficile. Le Gris est conscient du regard qu'Aliénor y pose, comme pour se demander à quel point il serait dangereux de se laisser soigner par elles. Tout comme il reste attentif à l'être inconnu, redoutable, qui se recroqueville sous la pauvre couverture malmenée par ses griffes acérées. Enfin, un minuscule "d'accord" s'échappe de la frimousse blafarde d'Aliénor, qui se résout à dévoiler les blessures qui lui lacèrent le dos. Un froncement de sourcils inquiet assombrit brièvement l'expression d'Astyanax, tandis qu'il observe soigneusement les plaises ouvertes :

"Je ne crois pas qu'un organe ait été touché, mais c'est tout de même assez sérieux."


Il jette ensuite un regard perçant, insistant, aux deux rubis étincelants de celle qui n'a pas de nom, trop intéressée par le sang d'Aliénor pour que la situation soit tout à fait saine, puis aux deux saphirs inquisiteurs de la chouette-harpie :

"Et personne ne mord, ne poignarde ou ne griffe plus personne cette nuit mmh ?"

Revenant à "Sans-Nom", il ajoute doucement :

"Tu ne parles pas, mais je suis à peu près sûr que tu me comprends parfaitement. Alors, si tu as besoin de quelque chose, fais-le moi savoir."


Quant à Aliénor, il ne peut que voir les autres cicatrices, nombreuses, plus ou moins anciennes ; la marque au fer, également, qu'il ne peut que reconnaître à force d'avoir tant vagabondé dans le pays. Qu'a-t-elle volé ? Un quignon de pain ? Un jambon ? Peu importe, la justice des hommes ne connaît guère de nuances, et moins encore de clémence dès lors qu'un ou une pauvre y est soumis. Mais le Gris comprend enfin sa réticence à prendre un bain lors de leur passage chez les marchands, et sans doute à se découvrir pour se faire soigner à l'instant présent. Il ne se perd pas davantage en réflexions, mais se lève plutôt vivement pour mettre de l'eau à bouillir dans une petite marmite de cuivre :

"C'est profond. Je ne connais pas l'étoile de dictame, je peux l'utiliser si vous me dites ce qu'il faut en faire et comment. Mais à mon avis il faut nettoyer ça correctement et refermer proprement avec du fil, pour que cela guérisse sans trop de risques."


Il étend ensuite une couverture sur le sol, près du feu, en ajoutant :

"Vous ne tenez plus debout... Allongez-vous, vous serez au chaud et j'y verrai plus clair. Quant à cette marque qui semble vous tracasser si fort... si jamais il y a vraiment eu quelque chose à payer pour vos actes, c'est fait et plus que fait, d'après ce que je sais et vois."

Fort loin d'être un guérisseur, l'Athël-ithri est néanmoins capable de nettoyer et suturer tout à fait correctement ce type de blessures, si tant est qu'Aliénor et les deux autres hargneux y consentent...





Aliénor Parker
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Aliénor Parker Mer 12 Juil - 16:51
Aliénor Parker
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A dire vrai, la créature de cauchemar qui se tapit dans un coin de la grotte devient le cadet de ses soucis. La tiédeur fraiche de l’endroit ne signifie rien, même sur sa peau mise à nu. Les paroles que l’Elfe adresse au monstre perdent leur sens. Comment une telle créature pourrait-elle répondre après tout ?, se dit-elle entre deux influx de douleur pulsatile. Elle ne connait que le sang, le gout cuivré de la mort, la chasse, la destruction de tout ce qui lui est cher. Astyanax perd probablement son temps. Prononcer une parole implique un schéma de pensée complexe dont semble être dépourvue cette chose qui n’est qu’instinct de combat, bien loin de ce que représente la petite chouette aux yeux de givre.

L’animal est si petit, minuscule en comparaison de l’immense chimère qu’elle est sous sa forme véritable, inoffensif, presque mignon. Il ne parle pas non plus. Seuls les yeux, deux grands saphirs à la fixité inquiétante, révèlent la nature surnaturelle de leur propriétaire en cet instant occupé à évaluer, jauger, mesurer ce qui se cache honteusement sous une couverture. L’Ennemi mortel. La Mort personnifiée. Pourtant, le petit animal sait, il comprend que la lutte ne peut avoir cours ici, en un lieu exigu, alors qu’ils sont tous en un état lamentable, amoindris, affaiblis. Sous cette forme fragile, la Mort semble presque inoffensive. Presque. Tant qu’elle reste loin d’Aliénor, la chouette ne fera rien. Alors elle se détend, elle consent à tourner la tête vers l’Elfe qui parle à la jeune femme blessée.

Les pensées confuses et teintées de fièvre d’Aliénor lui parviennent en flux brouillon, désordonné, dans lequel il devine pourtant la souffrance, la honte, la peur. Aliénor est terrifiée et elle fait ce qu’elle peut pour se montrer brave, pour ne pas afficher trop fort cette faiblesse morale, mentale, qui est la sienne depuis des mois, qui la ronge de l’intérieur petit à petit. Habituée à devoir se débrouiller pour tout depuis longtemps, elle a du mal, beaucoup de mal à laisser des mains masculines, des mains immenses, la toucher, surtout en cet endroit là, là où d’autres comme lui se sont acharnés pour d’insupportables raisons. Et montrer une faiblesse, c’est donner un pouvoir à celui qui la perçoit. C’est ainsi qu’elle perçoit le monde, parce que c’est de cette manière que le monde a interagi avec elle.

Les douleurs piquantes, brûlantes, qui parcourent sa peau fine, la font trembler mais toujours elle ne dit rien, laissant Astyanax observer. Voir. Comprendre. Les yeux clos, le front en sueur, elle se concentre très fort avant de regarder la chouette qui quitte sa contemplation de l’Elfe. De son petit pas sautillant, les ailes battant légèrement, elle se déplace jusqu’au sac bariolé porté par la jeune humaine et s’y engouffre un instant avant d’en sortir, tenant en son bec un petit sac marron, tout petit. Du même pas sautillant la chouette dépose le tout près de la marmite remplie d’eau avant d’hululer et de gratter le sol.

Dedans, il y a trois pettes fleurs séchées dont le centre est une cosse à la semblance d’une noisette bleue.

-Dans la cosse, il y a une poudre…c’est une plante qui pousse chez moi…on n’en trouve pas par ici…, dit faiblement Aliénor tête basse, yeux clos. Il faut jeter la poudre dans l’eau chaude…l’eau va devenir bleue comme un ciel d’été. Quand l’odeur se sera dissipée, c’est que le remède est prêt à…à être appliqué …mpfff.

Quelle odeur ? Elle ne parvient pas à l’expliquer à Astyanax. Un bourdonnement désagréable tinte à ses oreilles. Sa gorge est sèche. Son cœur bat très vite. Les grands yeux bleu de la chouette se fixent sur Astyanax, la petite patte griffue continue de gratter le sol,  y compris lorsque, vaincue, Aliénor s’effondre sur la couverture, gardant à la main la petite dague au milieu de son linge en tapon, serré contre elle comme le ferait un enfant avec un doudou.

Les paroles de l’Elfe la feraient sans doute sourire en d’autres circonstances mais elle en est incapable pour l’instant alors elle se contente de murmurer un tout petit :

-Merci…

Un hululement suit le remerciement. C’est la chouette qui vient de se lover contre la jambe de l’Elfe, la petite tête mobile se frottant contre lui avec affection.

-J’ai mal…, souffle-t-elle pudiquement en retenant un sanglot.
Le Désespoir des Ombres
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Le Désespoir des Ombres Mer 19 Juil - 10:14
Le Désespoir des Ombres
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Date d'inscription : 10/12/2022
Il lui a jeté un regard méfiant, confrontant les rubis aux plaies sanguinolentes de la trop humaine. La Bête ne se sentirait pas coupable. Elle était le Renard et cette chouette, une poule monstrueuse. Quant à celle qui saignait, celle dont le sang avait le parfum du pouvoir, elle.. n'avait qu'à mieux choisir ses ennemis. Ou ses alliés ? Le Désespoir ferme les yeux et fait semblant de dormir.

Il y a dans son esprit, trop de souvenirs éparses qui n'auraient jamais du se trouver là. Elle avait fait de son mieux pour les tenir à l'écart, hors de son chemin, mais se faisant, elle avait repoussé les siens aussi. Ils étaient mélangés à cet océan épais, houleux, et elle n'avait aucune envie de plonger dans cette mélasse. Soufflant du nez en entendant le bruit mat de la femme qui s'effondrait enfin au sol, la Bête se retenait d'ouvrir les yeux. Elle n'avait plus si faim alors, pourquoi, avait-elle toujours autant envie de les dévorer ? Parce qu'ils étaient appétissants. Parce qu'ils étaient des menaces. Parce qu'ils étaient vulnérables. Parce qu'elle désirait tout ce qu'ils avaient.

Agacée, la Bête grommelle entre ses dents et rouvre les yeux. Un bref instant, une flamme prédatrice embrase l'éclat sanguin qui se pose sur le corps allongé. Elle n'avait qu'à la dévorer tout de suite, il n'y aurait plus de douleur. Promis. La créature détourne le regard dans un roulis exaspéré qui fini sa course sur l'Athël-Ithri qui se méfie, à raison. Sans s'en préoccuper, la Blanche se redresse. La couverture coule sur sa peau nue alors qu'elle contracte et déploie les muscles de ses membres inférieurs. L'équilibre est incertain et cela semble contrarier la créature qui se remet à grogner entre ses dents. Elle persiste pourtant, ses griffes s’enfonçant dans la paroi à son côté, y gagnant un appui apparemment plus fiable que ses jambes. Elle a assez observer d'humanoïdes pour savoir comment cela fonctionne. A moins qu'elle ait été sur deux jambes, autrefois ? Qu'importe, elle devait reprendre de zéro.

Et de toute façon, elle n'allait pas attendre ici, avant l'aube elle devait pouvoir se défendre. Il fallait que ses muscles fonctionnent, ils n'avaient pas le choix. Se tenant à la pierre, le Désespoir faisait ses premiers pas. Elle s'écartait du feu, poussant parfois du pied la couverture pour qu'elle suive le même chemin. Après quelques mètres difficiles mais déterminés vers l'entrée de la grotte, elle se prenait les pieds dans le tissu et tombait en avant, se réceptionnant sur ses genoux et ses coudes, elle se contenta de ramasser la couverture et de la mettre sur son dos avant de continuer, à quatre pattes. C'était un peu plus confortable mais la Bête savait que ce ne serait pas la meilleure façon de se déplacer avec ce corps-ci.

Cela étant, elle s'était trop éloignée et la chaleur du feu ne l'atteignait plus. Elle n'avait pas l'intention de sortir dans la neige, ce serait tout à fait stupide et la Bête était bien des choses mais elle se gardait habituellement de prendre des décisions suicidaires. Contrariée mais réaliste, la créature fit demi-tour sur quelques pas, juste assez pour profiter du feu et avoir un oeil sur le petit monde à l'intérieur. Elle croisait le regard de l'homme alors qu'elle exerçait la dextérité de ses bras, essayant de passer la couverture dans son dos. Elle s'arrêtait en l'observant, ouvrit la bouche à deux reprises avant qu'un son ne finisse par sortir, roque et guttural, bien loin de la mélodie chantante que devrait avoir la langue de son peuple.

- ..gartha-ni.

Je garde dit-elle avant de détourner le visage vers la sortie, ou l'entrée, selon les désirs de chacun. Elle y voyait une sortie. Elle y voyait aussi un danger. La neige recouvrait leur sang là-dehors et c'était tant mieux mais, cela suffirait-il ? Le doute est l'ennemi des proies, l'outil des prédateurs. La Bête détestait cette sensation. Le fait était que le sang n'attirait pas qu'elle dans ces bois et que dans son état actuel, elle devait se méfier même des loups. N'ayant pas réussi à s'enrouler dans la couverture, la créature la posait simplement sur ses genoux repliés et la remontait jusqu'à son menton, elle y trouvait des vestiges de son ancienne fourrure. Quelle stupide transformation. Se saisissant d'une poignée de poils, elle les enfouissait à moitié dans le sol entre elle et la sortie. Ce rapide enterrement n'avait pas pour but de soulager sa peine mais de garder son odeur au plus près du vent. Les petits opportunistes qui remonteraient l'odeur du sang, ne pourraient pas ignorer le parfum de la Bête, cela devrait suffire à les décourager.

Elle n'avait pas menti, elle monterait la garde. Est-ce que cela rassurerait les trois entités autour du feu ? Peu probable. Pourtant, la logique était simple, ses chances de survie étaient plus élevées à l'intérieur et il lui était préférable qu'aucune autre créature ne s'intéresse à cette caverne pour le moment. Elle était plus à l'aise dans l'obscurité, nocturne et nourrit, elle n'avait pas besoin de dormir, contrairement à ses pro.. compagnons d'infortune. Puis, elle ne pourrait pas dormir avec ces deux là sur ses côtes. Son regard passa rapidement sur la silhouette de la femme et la petite ombre du volatil, toute trace de prédation avait désertée ses iris, si la concoction ne les sauvaient pas, se sentirait-elle enfin coupable ?
Astyanax le Gris
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Astyanax le Gris Dim 20 Aoû - 11:28
Astyanax le Gris
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Date d'inscription : 08/12/2022
Le vagabond écoute avec attention les explications quelque peu confuses de la jeune femme, concernant cette "étoile de Dictame" dont il n'a jamais entendu parler. Il n'en relâche pourtant pas sa vigilance, qui sait ce qui pourrait arriver s'il cessait, ne serait-ce qu'une ou deux secondes, de prendre garde ? Sans lever les yeux de ses préparatifs, il ne perd pas une miette des mouvements de la sanguinaire, ou dépeinte comme telle en tout cas, lorsqu'elle se rapproche péniblement de la sortie. Tout comme il a parfaitement conscience de l'espère de petite chouette aux yeux trop bleus quand elle vient se blottir contre sa jambe ou, plus exactement, sa botte d'épais cuir renforcé. Jamais sa main ne s'éloigne trop de la poignée de son arme, qu'il a bien été obligé de déposer -non sans regrets - pour s'occuper de la jeune fille ensanglantée.

Au grognement rauque, mais qu'il devine issu d'un rude effort d'élocution, de "Sans-Nom", le Gris ne comprend goutte ; mais un bref regard en sa direction suffit à en comprendre le sens : elle a l'intention de veiller sur l'entrée de l'abri, à en juger par sa posture. La surprise de l'Athël-Ithri est probablement perceptible dans ses prunelles de jais, d'observer pareille différence avec le comportement qu'elle avait moins d'une heure plus tôt. Alors il lui retourne un calme sourire assorti d'un hochement de tête :

"C'est une excellente idée. Je te remercie de monter la garde."

Quant à Aliénor, elle souffre le martyre, visiblement, bien qu'elle n'en montre guère. Mais quelle que soit sa hâte de sentir sa douleur s'apaiser, il faut du temps pour que l'eau se mette à bouillir, et encore un peu plus pour préparer son remède, qu'il surveille soigneusement. Il ignore tout de l'effet que cette décoction produira, aussi préfère-t-il attendre de le constater de ses yeux plutôt que de commencer à suturer les plaies, ce qui pourrait finalement s'avérer inutile, dépendamment de l'efficacité du produit. Néanmoins une étape semble s'imposer, au vu de l'état de crasse de la jeune femme et de ses vêtements, aussi le Gris la prévient-il doucement :

"Il faut que je nettoie ces plaies et ça risque de piquer un peu. Essayez de ne pas bouger, si possible."


Il imprègne un bout de tissu propre avec un peu d'alcool fort puisé dans une petite flasque, puis se met à l'ouvrage. Si les puissantes mains du Gris semblent faites pour la rude besogne d'un soldat bien plus que pour toute autre chose, la jeune femme pourra alors découvrir qu'elles sont néanmoins capables d'une grande délicatesse. Les gestes d'Astyanax sont précis, efficaces, ainsi qu'il l'a précisé un peu plus tôt, ce n'est de loin pas la première fois qu'il se voit contraint de soigner des plaies du genre. Dès que le remède sera prêt, et assez refroidi pour ne pas brûler Aliénor, il l'appliquera sans trace de brusquerie. Si cela suffit, il pansera soigneusement les blessures, et si cela ne suffit pas, eh bien il se résignera à recoudre les plaies les plus profondes, en espérant qu'Aliénor supporte la douleur que cela engendrera forcément...






Aliénor Parker
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Aliénor Parker Lun 28 Aoû - 8:11
Aliénor Parker
Messages : 24
Date d'inscription : 15/12/2022
L’eau est devenue aussi bleue qu’un brillant ciel d’été dans le récipient placé au-dessus du feu. Une odeur merveilleuse s’en dégage, un mélange de fragrances florales et boisées qui évoque les marches en forêt, l’aube humide dans les prés, le parfum des roses et des lilas au printemps. Ce parfum, cette senteur parvient à la jeune femme allongée qui cesse de trembler. Un sourire, léger, petit, s’affiche légèrement sur le jeune visage.

-Près de ma maison, il y avait des roses et des lilas…des mauves et des blancs, des roses tendres…ça sentait comme ça…, murmure-t-elle en relâchant la garde de son arme, les yeux clos.

Au dessus du petit récipient qui accueille la préparation, une brume légère, scintillante circule lentement en petite volutes bleutées. Près de la botte de l’Elfe, la créature ailée pousse un cri, un cri qu’on pourrait presque qualifier de joyeux compte tenu de l’état général de l’animal : les ailes ouvertes, il sautille sur une patte puis sur l’autre, les deux orbes au bleu semblable à la potion fixement rivés sur la jeune humaine au sol.

-Quésidé…vofor…, murmure-t-elle en une langue inconnue.

La brume s’élève en douceur avant de se déplacer sous l’impulsion d’une magie qui lui est propre, en direction de la jeune blessée. Une magie bénéfique…Peu à peu, les volutes scintillantes s’enroulent autour de son visage avant de s’insinuer en elle par le nez et par la bouche entrouverte. Puis…Plus rien. Il n’y a plus aucun son en provenance d’Aliénor, si ce n’est celui d’une respiration régulière et tranquille, la respiration profonde d’une personne qui dort. En sautillant, les ailes mi-ouvertes, la petite chimère approche son amie et vient se poser sur sa hanche, sa tête oscillant dans tous les sens alors qu’elle la regarde intensément. Au même moment, les plaies les plus superficielles, les éraflures, les égratignures, les lacérations les moins profondes s’illuminent de l’intérieur, avant de guérir totalement. Cela ne dure qu’un instant, il ne reste que les deux traces les plus profondes qui ne saignent plus mais qui n’ont pas pu se refermer.

Aliénor ne s’éveillera pas lorsqu’il nettoiera les plaies avec de l’alcool. Seule veille la chimère qui observe les gestes de sa petite tête mobile avant de finalement rentrer sa tête dans son cou, les yeux à moitié clos par des paupières blanches, comme si l’état de son amie avait fini par la gagner à son tour. Cela laissera tout le temps nécessaire à l’Elfe de suturer et de panser les plaies.

Ainsi endormie, les traits détendus et apaisés, l'humaine a l’air bien plus jeune qu’il n’y parait de prime abord. Toute trace de tracas a disparu, il ne reste plus qu’une jeune femme qui dort, inoffensive et calme. Même la chimère ressemble à un banal oiseau de nuit, les yeux mi-clos. De plus près, Astyanax pourra s’apercevoir, après avoir nettoyé la crasse qui salissait sa peau, qu’elle a effectivement vécu bien des épreuves et qu’elle n’a pu échapper à certains combats dont elle n’est pas sortie vainqueur…Un coup d’œil dans le petit sac rouge contenant le peu d’étoiles de dictame expliqueront alors sans doute qu’elle a préféré conserver les soins pour les cas graves et urgents, laissant la nature et les soins locaux guérir ce qui est plus ou moins superficiel. Une sage décision qui lui a sauvé la vie ce soir.

Au plus profond du sommeil de la jeune humaine, alors qu’elle reprend des forces au fil des minutes, l’apparence de Morwen change. Elle grossit à vue d’œil, alors même qu’elle est assoupie, puis finit par ouvrir un œil large, nimbé de plumes, sur l’Elfe et sur celle qui occupe l’entrée. La chimère reprend son état initial, véritable, immense créature qui n’émet pas le moindre son, pas le moindre grognement envers qui que ce soit et qui se contente de se rouler en boule contre Aliénor, la tête énorme posée sur ses pattes avant, attentive.

Il va falloir attendre que son amie se réveille pour obtenir des réponses aux questions qui se poseront, inévitablement.
Ce n’est qu’à l’aube que les paupières d’Aliénor s’entrouvrent. Deux énormes orbes bleu ciel emplissent son champs de vision avant qu’une langue poisseuse et collante ne lui lavent la joue gauche, ce qui la fait rire.

-Oh purée, mais qu’est-ce que tu as mangé ? Des limaces confites au jus de grenouilles ? Beeeurk !, dit-elle en fourrant sa petite main dans le plumes et poils qui recouvrent son amie, amusée.

Le mouvement lui rappellent toutefois la présence d’un bandage et de la plaie dans son dos. Aussitôt elle cherche du regard l’Elfe et…la créature. Elle est toujours en vie, ce qui signifie que l’Horreur n’a pas profité de sa faiblesse pour lui nuire, peut-être même est-elle partie. Elle se redresse à l’aide d’un bras, difficilement, puis lève la tête, une tête un peu alourdie par le sommeil et le remède.

-Coucou ?
Le Désespoir des Ombres
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Le Désespoir des Ombres Mer 6 Sep - 11:12
Le Désespoir des Ombres
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Date d'inscription : 10/12/2022
Son visage reste impassible, incapable d’exprimer la moindre émotion alors que l’Athël-Ithri la remercie. Ses traits à lui, s’expriment, se tordent et se lissent, subtilement, alors que la Bête y lit de la surprise. Elle ignore son origine et n’en a que faire, en réalité, dans quelques heures, elle oubliera leurs visages. L’aube se lèvera et leurs chemins se sépareront. Ils n’auraient jamais dû se croiser.

Des roses et des lilas emplissent l’air de leurs parfums entêtants. Nostalgiques. Le monstre tourne un instant son regard rougeoyant vers cette brume magique qui répond aux commandements de la trop humaine. Des mots de pouvoir. Ils n’avaient pas sauvé sa famille. La sauveraient-ils, cette fois ?

Le souffle régulier et paisible de la jeune femme semble répondre à la funeste question. Le Désespoir se détourne, il s’intéresse un instant aux gestes de la haute silhouette elfique avant de tout à fait se désintéresser du duo. Elle attendra. Patiente et résolue. L’humaine endormie, la chouette ne tardant pas à la rejoindre, ne restait plus que le Gris. Lutterait-il contre ce sommeil réparateur auquel les créatures de ce monde ne pouvaient échapper bien longtemps ? Mais pouvait-il se reposer, fermer les yeux, alors que veillait à sa porte, une créature de malheur ?

Lorsque toutes les paupières furent closes, lorsque les souffles se firent plus profonds et lorsque les muscles finirent par se détendre, alors seulement, elle se leva. Silhouette lunaire éclaboussée par la lumière vacillante des flammes. Elle a eu le temps de faire répondre ses muscles pendant que les autres s’agitaient puis s’endormaient. Si ses pas ne sont pas parfaits, elle ne manque plus d’assurance alors qu’elle avance vers les silhouettes allongées. Elle s’accroupit à côté de la jeune femme. Elle sent la rose et le lila. A quelques centimètres de sa délicieuse proie, la Bête lève discrètement les yeux en direction du Gris. Il ne semble pas avoir bougé. Dormirait-il vraiment ? Ses doigts se tendent au-dessus du visage d’Aliénor. Des griffes invisibles dont l’ombre danse sur le front de l’Innocente. Il suffirait d’un geste. Une seule seconde pour basculer dans le sang et la guerre.

Le Désespoir penche la tête sur le côté. Et la seconde s’écoule. La Rose reste intacte. Le silence règne et la paix demeure. Les prunelles sanguines se sont posées sur le visage de la jeune femme comme si elles le découvraient. Elle était si jeune. Est-ce que cela changeait quelque chose ? Le renard tourne-t-il les talons lorsqu’il s’aperçoit que le lapin qu’il chasse n’est qu’un lapereau ? Ou en fait-il un amuse-bouche ? La Bête penche la tête de l’autre côté. Elle désire toujours la dévorer. Elle en est toujours incapable.

La créature se redresse, contourne le feu et s’accroupit à côté de l’Athël-Ithri. S’il n’avait pas réagit jusque là, il devait définitivement dormir. Dans ce cas… ne pouvait-elle pas prendre un petit croc ? Juste un encas pour la nuit. Son visage approche de l’épaule masculine, son menton passe à quelques millimètres du tissu et son nez s’arrête dans les cheveux argentés. Il ne sent ni les roses, ni le lila. Son parfum est exquis. L’odeur de son sang embrume les sens de la Bête dont les canines percent lentement sa lèvre inférieure. Elle avale sa salive et rouvrant les yeux, une sourde panique s’empare de sa cage thoracique, elle s’écarte brutalement, tournant les talons pour revenir à son poste de garde. Un frisson parcourt son échine alors qu’elle ramasse la couverture transpercée et la passe sur ses épaules. Puis, sans un regard en arrière, elle quitte la caverne. Avalé par l’obscurité et les vents glacés, le Cauchemar disparaît.

Lorsque l’aube éloignera les ténèbres, la neige aura cessé de tomber et aucun monstre hideux ne se sera approché du refuge des délicieuses proies.

Aucun ?

Non loin, les clapotis du ruisseau chantent alors que ses méandres contournent les nouveaux obstacles qui se sont mis sur sa route. Qu’importe. Il s’écoule toujours aussi joyeusement. En rouge pâle. Purifiant les derniers restes de ce qui fut un prédateur trop ambitieux. Ses entrailles suivent le fil de l’eau. Messages explicites aux présomptueuses créatures qui auraient cru sentir un repas appétissant, à celles qui se seraient intéressées au sang perdu dans la neige. La Bête n’était pas morte et ces délicieuses proies.. étaient siennes.

La voix d'Aliénor se perd dans la grotte alors que brillent encore de tendre flammes.

- Cou-cou.

Répond la caverne. Graves et incertaines sont les intonations peu naturelles de cette voix enraillée, cisaillée par une dentition acérée. Assise à sa place, à l'entrée et à la sortie de leur antre, la créature pâle, maladroitement enroulée dans sa couverture, à les pieds bleus mais ses prunelles, posées sur le visage d'Aliénor, flamboient d'un vif rubis.
Message  Re: Panique à la Taverne du Chat qui miaule !  par Contenu sponsorisé
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